Je ne peux pas vous raconter ma naissance, parce que je ne m’en souviens plus et aussi parce que personne n’a pris le temps de me la raconter non plus. J’ai été élevé par un père doté d’une voix incroyable. Tout ce qu’il savait faire c’était de crier pour se faire obéir et pas besoin de vous dire que je me devais de l’écouter dès la première fois. Il criait et ramenait des filles de temps à autre afin de meubler sa solitude. Ce n’était pas toujours des filles dites *recommandables*, mais comment aurais-je pu savoir qu’il n’en avait pas le droit? Il a souvent abusé de son bel habit de soldat pour obtenir des faveurs ici et là, pas très chouette le paternel. Enfin, il s’agit de mon histoire et pas de la sienne alors, je continue. J’ai grandi avec les autres garçons du quartier, j’ai joué au basketball dans les parcs et au hockey dans la ruelle. Oui bon, je viens d’une région ou la neige est omniprésente alors il ne faut pas s’étonner. Je n’ai jamais fini premier de classe, je n’ai jamais gagné de trophée, ni de médailles et je n’ai jamais regretté de ne pas avoir été l’idole de l’école. Le gamin en moi est devenu un adolescent ordinaire qui fuyait les quatre murs de la maison pour ne pas affronter la hargne de son père. Un adolescent qui s’est moqué des croyances disant que la fin du monde était prévue pour 2120 et un adolescent qui a pleuré lorsque la guerre de 2013 a éclaté. Son père a été l’un des premiers soldats à mourir pour la liberté de sa race. Il avait bien des défauts, mais il a tout de même donné sa vie pour les siens. Un héro pour le jeune homme de 14 ans que j’étais et pour l’homme que je suis devenu.

Être orphelin est pénible, mais l’être au beau milieu d’une guerre est encore pire. J’ai dû me cacher pour ne pas finir en collation du soir. Une chance pour moi qu’il y a de multiples possibilités de cachette dans cette grande ville qu’est Los Angeles sinon je ne serais pas ici pour vous raconter mon histoire. J’ai passé les 3 années suivantes à fuir même ceux de ma propre race. J’ai ensuite appris à me débrouiller et à survivre comme il se doit. J’aurais pu me lier à eux et devenir l’un de leurs joujoux, mais pour la mémoire de mon père et des millions de gens morts pour leur survie, jamais je n’accepterai de plier l’échine. Depuis l’âge vénérable de 17 ans, j’arpente les rues à la recherche de vengeance. J’ai appris avec les meilleurs et je me suis lié à eux dans l’espoir de faire revivre notre peuple. J’ai appris la mécanique, je sais comment me défendre contre ces choses répugnantes. Ouais bon je dis ça, mais en fait je ne suis qu’une pauvre fourmi me baladant à leurs pieds. La preuve, je n’ai pas réussi à sauver ma femme et mon fils. J’ai rencontré la femme qui allait devenir mon épouse à l’âge de 18 ans. Nous nous sommes plu et un fils a vu le jour deux ans plus tard. Bien des collègues nous ont traités de fous et nous ont dit que de mettre un enfant au monde dans un moment comme celui-là était un acte insensé. Ils n’ont pas tord, mais en même temps, si personne ne donne espoir aux autres, aussi bien cesser de se battre et d’accepter notre sort non? Quoi qu’il en soit, le jour où l’un de ces êtres a mis la main sur ma femme et mon fils restera a ne jamais graver dans ma mémoire. Je les croyais bien cachés… Quand je suis revenu après une patrouille d’un peu plus de deux heures, leurs corps gisaient tels deux pantins vidés de tout liquide. J’ai crié en vain et ensuite je me suis juré de tuer tous les salopards qui croiseront ma route.

Je souhaite qu’un jour la tendance se renverse et que la bataille d’égal à égal soit possible. Il existe bel et bien une arme, cette petite fleur nommée La "plenilunium" sera à la base de notre victoire. D’ici à ce que l’on trouve le moyen de la conserver et la distiller en grande quantité, je continue à me battre dans l’ombre de ces êtres. Voilà… je viens d’avoir 26 ans et jamais je ne plierai l’échine.